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Le DAMIE : une boussole dans le parcours des jeunes mineurs isolés.

Publié le 18 mai 2018

Le DAMIE : une boussole dans le parcours des jeunes mineurs isolés.

"La polyvalence est l’un des traits de caractère qui résume le mieux l’accompagnement des éducateurs du DAMIE. Ils assurent les démarches juridiques, de scolarité, de santé… Un lien de confiance se construit petit à petit entre les éducateurs et les jeunes."

Le Dispositif d’Accueil de Mineurs Isolés Étrangers (D.A.M.I.E) est un dispositif de l’Association pour la Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte 43 (A.S.E.A), et plus précisément celui du Pôle Protection de l’Enfance.  Le D.A.M.I.E a pour mission d’accompagner les mineurs non-accompagnés (M.N.A), le temps de leur minorité.

Ces jeunes rentrent dans le cadre de la Protection de l’Enfance. Ainsi c’est le Conseil Départemental de Haute-Loire qui porte la responsabilité administrative et financière de l’accueil des M.N.A, en déléguant cette mission à l’ASEA 43.

Un accompagnement vers un projet de vie durable

“Nous les accompagnons vers leur majorité afin qu’ils puissent construire un projet de vie durable”, résume Sylvain Brunetti, chef de service du D.A.M.I.E.

Entre 55 et 60 jeunes sont actuellement hébergés au sein du D.A.M.I.E, sur le bassin du Puy-en-Velay.

“Dans un premier temps, à leur arrivée, ils vivent dans une maison d’accueil collective. Une fois ces deux mois passés, ils sont logés en colocation en appartements, dans le centre ville du Puy-en-Velay”.

Deux hôtes de maison, un éducateur spécialisé et un service civique accompagnent ces jeunes durant les deux premiers mois passés à la maison d’accueil collective.

Lorsqu’ils vivent en appartement, l’accompagnement est plus distancé. Trois éducateurs spécialisés assurent le suivi d’environ 45 jeunes, avec l’aide d’un service civique et d’un psychologue. Une coordinatrice assure le soutien technique auprès de l’équipe, tout en veillant à ce que les actions des éducateurs demeurent en adéquation avec un accompagnement cohérent.

“En tant que chef de service, je veille à la cohérence du projet de service, son fonctionnement et surtout la qualité de prise en charge des jeunes. Je suis le garant de tous les projets personnalisés d’accompagnement”, explique Sylvain Brunetti.

Un lien de confiance entre les éducateurs et les jeunes.

“Afin d’assurer au mieux nos missions, certaines qualités et compétences sont indispensables. En premier lieu, une ouverture d’esprit et de la patience. C’est un passage brutal, un choc culturel que vivent ces jeunes en arrivant en France. Il est parfois difficile d’aborder certaines choses. Leurs réactions peuvent être en décalage avec ce que l’on connaît habituellement. L’objectif est d’aller vers une évolution progressive.

Il faut aussi être solide mentalement et faire preuve d’un fort caractère. Souvent ils ont vécu des moments traumatiques et dramatiques. Leur venue ici relève d’une nécessité plus que d’un choix.

Le parcours vers la France est de plus en plus difficile et violent. Leurs récits sont difficiles à entendre et à recevoir. Il faut une grande maturité pour cela, et éviter de tomber dans la pitié, qui mettrait à mal l’accompagnement.”

À leur arrivée, les jeunes ont majoritairement entre 16 et 17 ans. Certains doivent tout apprendre de la langue, la culture française, mais surtout de l’organisation de vie. “Ils se retrouvent seuls, sans famille et nous assurons un peu le rôle de famille de substitution.”

La polyvalence est l’un des traits de caractère qui résume le mieux l’accompagnement des éducateurs du DAMIE. Ils assurent les démarches juridiques, de scolarité, de santé… Un lien de confiance se construit petit à petit entre les éducateurs et les jeunes.

Les loisirs, supports de l’insertion sociale

“Lorsqu’ils arrivent, ces jeunes ont besoin d’être rassurés, de souffler un peu et de se poser”, précise le chef de service.

Le centre hospitalier Emile Roux les reçoit afin qu’ils puissent passer un bilan de santé. Sur ce volet médical, un gros travail est à effectuer, tant au niveau physique que psychique.

“Nous travaillons avec de nombreux acteurs du territoire tels que l’Aide Sociale à l’Enfance, les Assistantes Sociales de secteur, l’Education Nationale, la Préfecture, les relais ados ainsi que des associations comme le DAHLIR.

Il y a quatre ans, nous accueillions environ 12 jeunes. Le travail sur l’insertion sociale était plus simple à mener. Aujourd’hui, nous accompagnons plus de 55 jeunes.

C’est pourquoi il est autant important pour nous de pouvoir compter sur l’accompagnement de Yann Vernaudon, du DAHLIR. Nos jeunes ont une tendance naturelle à rester entre eux. Pratiquer du foot, du basket, du karaté ou même essayer la photo, permet d’ouvrir vers l’extérieur.

Yann assure le lien avec la structure d’accueil (club, association…) et facilite l’inscription des jeunes. La pratique d’une activité régulière est un support indispensable pour leur insertion sociale.”


Propos recueillis par Carine Bonnal